L'expression "Wicked problem" désigne une situation sociale ou culturelle résistant à tout type de résolution. Chaque tentative voit le contexte et le cadre du problème se déplacer, le rendant impossible à saisir pleinement. Sans aucune formulation définitive, incomplets, toujours uniques et interconnectés, les problèmes vicieux sont aussi toujours les symptômes d'autre chose. Changement climatique, crise politique, inégalités, transition de l'économie du carbone, consommation et commercialisation massive des objets qui nous entourent... autant de sujets empreints d'angoisse. Ce sentiment, si actuel à notre élan, est en toile de fond de nombreux protocoles utilisés par les artistes de cette exposition pour créer leurs œuvres. Regards contemporains, analyses, visions... les œuvres rassemblées interrogent notre espace commun et son appréhension, notre rapport trouble à la nature, et l'enchevêtrement des choses qui nous entourent.

Chez Dan Walwin, les expériences spatiales finissent par être baroques ou hyperréalistes et semblent avoir lieu avant la médiation du langage et de la définition. Quand le langage est effectivement présent et crée une narration, comme dans l'œuvre de Virgile Fraisse, c'est interroger l'évolution récente de nos modes de communication et la géopolitique de leur matérialité. Parfois, cela permet même au sujet de glisser dans le burlesque. Nous pourrions nous situer dans ce que la psychanalyse appelle la résistance, ou à tout le moins assister à la puissance de sentiments contradictoires. Comme le suggère Lauren Hall, nos corps, nos comportements, nos réponses individuelles, nos besoins d'évasion, de confort et de loisirs semblent profondément ancrés dans les pratiques sociales et dans la construction de nos identités.